Quelques heures plus tard deux infirmières m'expliquent qu'elles vont me faire un plâtre. On m'emmène donc dans une salle, toujours avec un lit roulant. Une structure plutôt rudimentaire se tient dans la salle. Je me retrouve en quelques minutes en suspension au-dessus du sol par cet assemblage métallique. La mise du plâtre est longue, mon dos est petit à petit recouvert, puis ma tête. Ca commence à faire lourd. Il faut pourtant attendre que ça sèche. Ensuite je suis installée de nouveau dans ma chambre. J'ai donc tout le temps de me familiariser avec cette coquille blanche qui m'enfermera pendant un mois. C'est pas trop serré mais c'est quand même bizarre. Une chose me fait rire bien que je sois fatiguée après tout ça : on m'a laissé une fenêtre ! Elle se situe sur mon ventre, de ma poitrine à mon nombril. Je me vois donc comme le sixième teletubies.
Dur cohabitation...
Il me sourit. Avec Papa, les conversations sont courtes, ses phrases sont brèves. Contrairement à Maman où l'on parler pendant des heures ! Mais cela ne me dérange pas. Et me pousse à lui poser plus de questions, ce qui ne le fatigue jamais. Une fois, il regardait un match de football. C'est de là ce qu'il préfère avec les documentaires sur les pays qui passent sur Arte. Alors je m'assoie à côté de lui. Il ne bouge pas. Il pose son bras sur le haut du canapé et je met ma tête sur lui. Lorsqu'un but est marqué ou que son équipe préférée n'a pas réussi à le faire, il pousse un ''non'' pas sincère. Et ça me fait rire car il dit ça exprès. Mais au foot je ne comprends rien. Et c'est là que je pose toute sorte de questions auxquelles il me repond sérieusement et calmement. Je n'ai jamais vu Papa s'énerver. Après de nombreuses questions, un silence se fait, et seulement le son de la télevision s'engouffre dans la pièce où traînent quelque dessins et peintures que Lucie et moi aimons bien faire sur des morceaux de cartons. Il n'y a là que les commentateurs, le public, Papa et moi. Une ambiance que je souhaite interminable. Et puis Papa me dit :
- Tu sais ce que j'ai dis un jour quand j'étais jeune ?
- Non ?
- Et bien lorsque je regardais un match de foot à la télé avec mon père, et que je les voyait tous courir après cette balle, j'ai demandé : ''Pourquoi on ne donne pas un ballon à chacun ? Comme ça il n'y aura pas de jaloux !"
Et ça m'a fait rire. Parce que j'aime la façon dont Papa raconte ses histoires. Il a un humour que j'aime : sérieux et simple. Ah ! S'il pouvait continuer ses histoires ! Je ne m'en lasse pas ! Ce sont les seules phrases longues qu'il me dit de sa voix posée et grave. Et rire avec lui me rend heureuse et me fait oublier le temps.
Et nos week-end se terminent si vite...
Son ronflement perdure et me berce. Cette fois ci, je ne réalise plus que j'entre dans mes rêves. Je me laisse porter par ce sommeil qu'inconsciement j'attendais...
Je ne l'aurais pas vu, mais je veux avoir raison.
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