Vision-enfantine

Ma vie, ma vision, mon recit.

Jeudi 22 juillet 2010 à 18:52

Je suis entrée en CP normalement. Toutes mes classes je les aient faites normalement. Je suis maintenant en CM2.

Je n'en ai pas le souvenir, mais pendant ces années, j'ai compris que le départ de Papa était pour trouver un appartement. Et, un week-end sur deux, nous partions à Asnieres, car c'est là-bas qu'il en a trouvé un. C'est un peu loin mais j'aime bien la voiture avec lui. Et puis depuis 2 ans je crois, Lucie fait du judo, et quand il doit l'accompagner de chez lui au gymnase qui se trouve dans une autre ville, nous passons au Mc Donald le midi pour manger un morceau. Qu'est ce que j'aime ces moments là avec lui et ma soeur !
L'appartement est petit mais j'aime bien. Quand nous sommes chez lui on joue à toute sorte de jeu avec ma soeur pendant qu'il est dans le salon. Et je vois dans ses yeux qu'il est heureux. Ca nous change des disputes et de son absence que l'on a eu avant !
Le soir nous dormons dans sa chambre où est posé un grand matela à deux places et plein de carton. Papa dort sur le canapé. Notre jeu préféré est de se construire une forteresse avec les cartons encore pleins. Mais ils sont lourds, alors Papa en porte quelques uns.

   - Qu'est-ce qu'il y a dedans pour que se soit aussi lourd Papa ?
   - Des livres principalement.
   - Tu aimes lire ?
   - Oui, beaucoup.
   - Pas moi.
   - Tu devrais.

Il me sourit. Avec Papa, les conversations sont courtes, ses phrases sont brèves. Contrairement à Maman où l'on parler pendant des heures ! Mais cela ne me dérange pas. Et me pousse à lui poser plus de questions, ce qui ne le fatigue jamais. Une fois, il regardait un match de football. C'est de là ce qu'il préfère avec les documentaires sur les pays qui passent sur Arte. Alors je m'assoie à côté de lui. Il ne bouge pas. Il pose son bras sur le haut du canapé et je met ma tête sur lui. Lorsqu'un but est marqué ou que son équipe préférée n'a pas réussi à le faire, il pousse un ''non'' pas sincère. Et ça me fait rire car il dit ça exprès. Mais au foot je ne comprends rien. Et c'est là que je pose toute sorte de questions auxquelles il me repond sérieusement et calmement. Je n'ai jamais vu Papa s'énerver. Après de nombreuses questions, un silence se fait, et seulement le son de la télevision s'engouffre dans la pièce où traînent quelque dessins et peintures que Lucie et moi aimons bien faire sur des morceaux de cartons. Il n'y a là que les commentateurs, le public, Papa et moi. Une ambiance que je souhaite interminable. Et puis Papa me dit :

   - Tu sais ce que j'ai dis un jour quand j'étais jeune ?
   - Non ?
   - Et bien lorsque je regardais un match de foot à la télé avec mon père, et que je les voyait tous courir après cette balle, j'ai demandé : ''Pourquoi on ne donne pas un ballon à chacun ? Comme ça il n'y aura pas de jaloux !"

Et ça m'a fait rire. Parce que j'aime la façon dont Papa raconte ses histoires. Il a un humour que j'aime : sérieux et simple. Ah ! S'il pouvait continuer ses histoires ! Je ne m'en lasse pas ! Ce sont les seules phrases longues qu'il me dit de sa voix posée et grave. Et rire avec lui me rend heureuse et me fait oublier le temps.

Et nos week-end se terminent si vite...

Jeudi 22 juillet 2010 à 21:01

Les médecins ne voient pas toujours tout.

Nous sommes dans la voiture Papa, Maman et moi. C'est rare que je les vois ensemble. Nous sommes en direction de l'hôpital de Garche. Ils m'ont dit que c'est pour aller voir un médecin qui va vérifier mon cou. Papa cherche une place où se garer. Maman discute avec moi.
Entrés dans l'enceinte de l'hôpital, Maman me tient la main, Papa demande son chemin. Dans la salle d'attente, j'accours vers les magazines :
<<  - Doucement ! dit Maman.
       - Oui ne t'inquiète pas...
       - Tiens, au passage, trouves-moi un magazine... chuchote Papa.
       - Ca ? en lui montrant le premier de la pile "Gala"
       - Non non ! Un truc de sciences.
       - Ca ?
       - Très bien. Merci.
       - Et toi Maman ?
       - Non merci j'ai apporté mon livre.
       - D'accord. >>

Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés. Mais j'ai eu le temps de comtempler tous les murs de la salle avec précision ainsi que le plafond mais ça faisait mal à la nuque alors j'ai opté pour le carrelage. J'ai eu aussi le temps de ronger tous mes ongles et de compter le nombre de gargouillis de mon ventre.
Une personne nous appelle ; on s'approche d'une salle et attendons. Un monsieur nous salut, nous fait entrer et nous invite à nous assoir. Mais il n'y a que de sièges alors je reste debout entre Papa et Maman. Le docteur discute avec mes parents puis me demande d'enlever mon T-shirt. Je ne refuse pas mais qu'est ce que j'étais gênée ! Il m'observe, me demande de ma courber. Enfin, je remet mon T-shirt et à peine ai-je passé ma tête dedans j'entends le docteur annoncer mon opération :
<< - Vraiment ? s'inquiète Maman.
      - Si cela avait été prit avant elle n'aurait eu que quelques scéances de kinésithérapeute, mais à présent il est conseillé de pratiquer une opération de tendon. Votre fille a une scoliose congénitale assez avancée.
      - Oh non ! Je ne veux pas ! >>

Des papiers se font signer, mes parents se lèvent, sèrent la main du docteur. La mienne tremble mais la lui serre quand même. Mon opération est prévue dans deux semaines.
Dans la voiture, je ne fais que parler. J'ai oublié cette histoire d'opération et raconte mes journées scolaires en profitant de ce moment où je revoit mes parents ensembles. Quelque part, cette opération tombe bien, elle me permet de les réunir un peu.

Même si on ne va pas bien, quand on les voit on est heureux.

Samedi 27 novembre 2010 à 23:49

Voici comment une douleur peut être interprêtée...

Parfois, Lucie et moi regardons la télévision allongées sur le canapé, chacune occupant un des côtés. Biensur, une règle a été établie : on ne choisit qu'un programme qui puisse plaire à toutes les deux. Le télécommande se trouve sur la table en face de nous et sagement nous y faisons abstraction pour profiter de notre soirée. Parce que la manette, c'est elle qui nous guide vers quelle source de distraction nous allons nous tourner, et, quoi qu'il en soit, il est impossible de l'utiliser sans en expliquer la cause. Mais la manette, c'est pas le plus tentant. Ce qui nous démange le plus, c'est de taquiner notre opposée. Pour ce faire, j'opte pour les pieds... c'est donc une guerre qui est déclarée : la guerre des pieds froids !
Qu'est ce que c'est amusant ! Mais il arrive un moment, où c'est guerre devient douloureuse. Les coups de Lucie deviennent plus forts mais je ne dis rien et continue à m'amuser. De temps en temps, c'est mon tibia qui est victime d'un coup si fort, je le ressend sur toute ma jambe. Alors je prononce un "aïe" qui s'enfuit dans la bataille. Je déclare forfait, plis mes jambes et soulève mon pantalon : c'est rouge, si je touche j'ai mal.
Nous finissons de regarder la télévision et nous partons nous préparer pour le coucher.
Maman vient me dire bonne nuit. Elle me demande si Lucie et moi nous nous disputions il y a quelques minutes.

    << - Non non ! On jouait.
         - Tu sais, le soir, il ne faut pas trop chahuter.
         - Pourquoi ?
         - Parce qu'on a des voisins. Et tu sais qu'ils n'aiment pas ça.
         - D'accord.
         - Et puis tu vas avoir du mal à t'endormir.
         - Non.
         - Comment ça "non" ?
         - Je vais bien dormir.
         - Alors bonne nuit ma chérie. Je vais voir Lucie.
         - A demain.
         - A demain. >>

Mes rougeures s'éteignent. Mes yeux se ferment

A demain...

Samedi 4 décembre 2010 à 23:30

Une semaine est passée. Me voilà à l'hôpital. C'est Papa qui m'accompagne.

Je lui tient le bras, mon pas est rapide, le sien est lent. Alors je me concentre sur ses pieds. Papa en fait deux quand j'en fait trois... Ah ! Je comprend donc mieux ! C'est pour ça que lorsque je me met à courrir pour le retrapper, je suis obligée de m'arrête ensuite pour l'attendre ! Mais passons, nous sommes dans l'ascenseur. On monte, mon ventre ressend quelque chose, une vague. La porte s'ouvre, la vague descend. Après plusieurs minutes, un médecin vient nous saluer. Il nous conduit dans une chambre aux murs tout blanc. Il y a deux lits, une fille est posée sur celui près de la fenêtre, son père est près d'elle. Ils sont à contre-jour, mais je crois qu'elle a les cheveux noirs. Je ne crois pas qu'ils nous ait remarqué, ils discutent, mais je ne les entends pas. D'ailleurs, ma main ne tient plus le bras de Papa. Lorsque je me retourne, il est à la porte avec le medecin. Et puis le medecin s'en va après que Papa l'ait remercié.
     << - Bon, ici c'est ta chambre, me dit-il, tu vas la partager avec cette jeune fille.
         - D'accord, tu restes avec moi ?
         - Oui.
         - Qu'est-ce qu'on fait ?
         - Il serait poli de dire "bonjour" à cette fille.
         - D'accord. >>

On s'approche de ces deux ombres qui, au fur et à mesure de nos pas, s'éclaircissent et se distinguent de la lumière du jour.
     << - Bonjour, commence Papa.
         - Bonjour Monsieur, répond le père de la fille.
         - Alors elle vont se partager cette chambre ?
         - En effet. >>

Une infirmière entre, demande à ce que Papa la suive pendant que je m'installe. Le père de la fille s'en va aussi. Je les regarde partir, je n'aime pas trop ça, je ne veux pas que Papa me laisse. <<Tu t'appelles comment ?>> Je me retourne et répond.
     << - Ariana, et toi ?
         - Claire. Pourquoi tu es ici ?
         - On va m'opérer et toi ?
         - Moi aussi. Toi c'est où ?
         - Au cou et toi ?
         - Moi on va m'enlever une broche que j'ai dans le bras.
         - Ca doit être bizarre d'avoir ça, c'est quoi ?
         - Une barre en fer ici.
         - Si tu touche, tu la sens ?
         - Non.
         - Tu n'as pas mal ?
         - Non ça va. C'est la première fois que tu viens ici ?
         - Oui.
         - Moi c'est la deuxième.
         - Pourquoi ?
         - Bein pour me mettre la broche.
         - Ah oui ! >>

Mon Papa revient, mais pas celui de Claire.
     << - Je vais aller travailler.
         - Oh non ! Tu as dit que tu allais rester avec moi.
         - Oui mais là je ne peux pas. Désolé ma puce, je reviens demain.
         - D'accord. Au revoir, à demain. >>

Il me fait un bisous. Je ressend encore quelque chose dans mon ventre, mais cette fois-ci ce n'est pas une vague comme dans l'ascenseur. Ca ressemble à un poids, une ancre lachée et qui me freine alors que je voulais qu'il reste.

Une nuit... je crois que c'est demain qu'on m'opère. Je suis fatiguée.

Mercredi 19 janvier 2011 à 12:38

Le deuxième jour

Je suis bien. Il fait chaud. La lumière blanche éclaire mon réveil. Je suis chez moi, dans mon lit, avec toutes mes peluches. Ma couverture est légère. La fenêtre est imperceptible. Cela me rappelle une douce mélodie, quand le mouvement devient plus fort que le son, que le vent ondule son voile et rafraichit mon visage. Que le grain de la laine, plutôt doux, se pose sur mes jambes. Que le cri lointain que je peux repérer me siffle dans l'oreille.
Maintenant j'ai peut être trop chaud. Alors j'ouvre mes yeux, la lumière est beaucoup trop forte. Des larmes coulent, je cligne des yeux, mais c'est bien trop blanc pour que cette ambiance soit profitable. Je me retourne violemment et met ma couverture au-dessus de ma tête. J'inspire un coup pour me détendre, mais une odeur étrange me met mal à l'aise. Ce n'est pas une odeur que je connais, elle ne sent pas bon et ne veut pas se retirer. Je me souviens de cette drôle d'odeur, elle n'appartient qu'à un seul endroit :

          << - Bonjour Ariana. Tu te souviens, c'est aujourd'hui qu'on va t'opérer.
                - Bonjour.
                - Aller, lèves-toi, tu vas prendre une douche avec un savon que je vais te donner.
                - D'accord.
                - Et prends aussi ça, tu vas les mettre après ta douche. >>

Elle me conduit dans une salle toute blanche - qu'est-ce qui ne l'est pas - avec au milieu une baignoire dominée par une machine bleue. Je ne comprends pas son fonctionnement mais j'aurai tout le temps de le faire pendant ma douche. Elle me dépose des vêtements blancs sur une chaise et s'en va. Je me déshabille et tout en observant la machine, entre dans la baignoire. Après quelques secondes je me décident à allumer l'eau. Prenant la paume de douche et tournant le premier bouton, j'étais loin d'imaginer que le jet allait être froid. Car en effet il l'était ! J'ai beau mettre au maximum le bouton pour la température, rien à faire, l'eau reste froide.
Tant pis, je regarde à nouveau la machine, et laisse la tête en arrière pour que l'eau mouille mes cheveux sans toucher mon dos. Cette technique était plutôt bien jusqu'au moment où je réalise que mes cheveux ne doivent pas être les seuls à être lavés. Je passe donc le savon sur moi, ce n'est pas le plus compliqué.

        << - Bien, tu es habillée. Comment était la douche ?
              - Froide. >>

Plus tard j'apprend que j'étais la première de la journée à être passée et l'eau chaude n'était pas encore déclenchée. Vas savoir pourquoi.
Je me retrouve désormais sur un de ces lits qui roulent. Comme dans les films ! Un médecin arrive, il m'explique qu'il est mon chirurgien - j'avais oublié sa tête lors du premier rendez-vous - il est accompagné de deux infirmières.
Et c'est partit ! Comme dans les films aussi ! Le lit roule dans les couloirs, j'aimerais tellement m'assoir pour apprécier ce moment qui ne se répètera peut être jamais dans ma vie. Ah ! Mon lit sursaute, nous venons de passer un ressaut. On monte dans un ascenseur, on arrive dans une première salle et on me laisse. Je suis seule, je me tourne un peu, gigote pour voir autour de moi. Une infirmière vient me voir pour me demander si je préfère m'endormir avec un masque ou une piqûre. Ma réponse est sans doute la première option étant donné phobie des aiguilles.
Elle m'emmène dans la salle d'en face, place mon lit près d'une table grise. On m'y installe, on me met une couverture et un gros tube dessous à côté de mes pieds. Sur ma poitrine, trois petits ronds blancs avec un fil relié à quelque chose que je ne peux voir. Sur mon doigt une pince en plastique rouge elle aussi reliée à un fil qui dépasse de mon champs de vision. Enfin, ma commande arrive.

Un, deux, trois, quat...

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