Le deuxième jour

Je suis bien. Il fait chaud. La lumière blanche éclaire mon réveil. Je suis chez moi, dans mon lit, avec toutes mes peluches. Ma couverture est légère. La fenêtre est imperceptible. Cela me rappelle une douce mélodie, quand le mouvement devient plus fort que le son, que le vent ondule son voile et rafraichit mon visage. Que le grain de la laine, plutôt doux, se pose sur mes jambes. Que le cri lointain que je peux repérer me siffle dans l'oreille.
Maintenant j'ai peut être trop chaud. Alors j'ouvre mes yeux, la lumière est beaucoup trop forte. Des larmes coulent, je cligne des yeux, mais c'est bien trop blanc pour que cette ambiance soit profitable. Je me retourne violemment et met ma couverture au-dessus de ma tête. J'inspire un coup pour me détendre, mais une odeur étrange me met mal à l'aise. Ce n'est pas une odeur que je connais, elle ne sent pas bon et ne veut pas se retirer. Je me souviens de cette drôle d'odeur, elle n'appartient qu'à un seul endroit :

          << - Bonjour Ariana. Tu te souviens, c'est aujourd'hui qu'on va t'opérer.
                - Bonjour.
                - Aller, lèves-toi, tu vas prendre une douche avec un savon que je vais te donner.
                - D'accord.
                - Et prends aussi ça, tu vas les mettre après ta douche. >>

Elle me conduit dans une salle toute blanche - qu'est-ce qui ne l'est pas - avec au milieu une baignoire dominée par une machine bleue. Je ne comprends pas son fonctionnement mais j'aurai tout le temps de le faire pendant ma douche. Elle me dépose des vêtements blancs sur une chaise et s'en va. Je me déshabille et tout en observant la machine, entre dans la baignoire. Après quelques secondes je me décident à allumer l'eau. Prenant la paume de douche et tournant le premier bouton, j'étais loin d'imaginer que le jet allait être froid. Car en effet il l'était ! J'ai beau mettre au maximum le bouton pour la température, rien à faire, l'eau reste froide.
Tant pis, je regarde à nouveau la machine, et laisse la tête en arrière pour que l'eau mouille mes cheveux sans toucher mon dos. Cette technique était plutôt bien jusqu'au moment où je réalise que mes cheveux ne doivent pas être les seuls à être lavés. Je passe donc le savon sur moi, ce n'est pas le plus compliqué.

        << - Bien, tu es habillée. Comment était la douche ?
              - Froide. >>

Plus tard j'apprend que j'étais la première de la journée à être passée et l'eau chaude n'était pas encore déclenchée. Vas savoir pourquoi.
Je me retrouve désormais sur un de ces lits qui roulent. Comme dans les films ! Un médecin arrive, il m'explique qu'il est mon chirurgien - j'avais oublié sa tête lors du premier rendez-vous - il est accompagné de deux infirmières.
Et c'est partit ! Comme dans les films aussi ! Le lit roule dans les couloirs, j'aimerais tellement m'assoir pour apprécier ce moment qui ne se répètera peut être jamais dans ma vie. Ah ! Mon lit sursaute, nous venons de passer un ressaut. On monte dans un ascenseur, on arrive dans une première salle et on me laisse. Je suis seule, je me tourne un peu, gigote pour voir autour de moi. Une infirmière vient me voir pour me demander si je préfère m'endormir avec un masque ou une piqûre. Ma réponse est sans doute la première option étant donné phobie des aiguilles.
Elle m'emmène dans la salle d'en face, place mon lit près d'une table grise. On m'y installe, on me met une couverture et un gros tube dessous à côté de mes pieds. Sur ma poitrine, trois petits ronds blancs avec un fil relié à quelque chose que je ne peux voir. Sur mon doigt une pince en plastique rouge elle aussi reliée à un fil qui dépasse de mon champs de vision. Enfin, ma commande arrive.

Un, deux, trois, quat...